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La Fête nationale du Québec et le nationalisme pour les nuls

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La fête nationale ne m’excite pas. Elle m’excitera quand le peuple québécois aura bravé sa peur et se sera donné un vrai pays : donc se sera affranchi de la confortable fiction actuelle. Il faut bien se comprendre : ne pas être excité n’est pas s’en foutre royalement. C’est juste que je prends cette journée avec un grain de sel. Et j’en profites d’autant pour y réfléchir.

Je constate qu’il y a beaucoup d’absurdité autour de cette fête. Quand René Lévesque a officialisé en 1977 la journée du 24 juin en « Fête nationale » alors que depuis 1834 c’était la fête de St-Jean Baptiste, le saint patron des Canadiens-Français, il a fait une gaffe à mon avis. C’était mettre la charrue devant les boeufs. Le Québec était et est toujours une province, donc l’idée de la nation tourne autour du fait français (puisque pas autour d’un territoire distinct et encore moins autour d’une « race »), mais cette officialisation de la fête par le Parti québécois fausse la perception.

Ce qui fait en sorte que monsieur-madame Tout-le-monde peut exiger aujourd’hui une fête apolitique et inclusive au point de vouloir inclure dans le spectacle, par exemple, des artistes québécois anglophones qui ne sont visiblement pas francophiles, puisque le français leur est inconnu. N’étant pas un pays, je ne vois pas pourquoi le caractère inclusif de la fête du Québec devrait se rendre jusque-là : il y a, une semaine plus tard, la fête du Canada. Voilà une autre raison pourquoi ça ne m’excite pas. Comme l’écrivait Mathieu Bock-Côté, plus tôt aujourd’hui, j’ai un malaise devant « la tentation qu’ont plusieurs, […] de la réduire à une fête familiale. » Comme si la famille devait gommer le « vivre en société », avec tout ce que ça comporte. Je ne dis pas qu’il faille que cette fête soit une grande pub pour le Parti québécois, Québec solidaire, Option nationale et les autres partis indépendantistes, mais il ne faut pas la vider de sa substance non plus…

Et le nationalisme comme point central de la fête. En fait, le problème principal du nationalisme, c’est qu’il pue plus le dédain de l’autre qu’il sent bon le respect de soi-même. Ce qui est tellement, mais tellement malheureux. Cela fait en sorte que le « citoyen du monde » ne se sent pas du tout concerné par la fête et, par ricochet, encore moins par le projet de souveraineté. Pourtant, il s’agit simplement de fêter le fait d’y être encore majoritairement en français et de vouloir consolider tout ça par un pays comme les autres. Serait-ce si extrémiste? Serait-ce si liberticide?

Et malgré tout, je ne me suis jamais vraiment réclamé du nationalisme québécois. Le plus loin que je suis allé, c’est de tenter de le réduire à un concept utilitaire, basé sur la langue française. Parce que je sais trop que le regard des autres est rempli de préjugés sur les affres du nationalisme, qui est trop souvent historiquement synonyme de racisme et autres xénophobies. Mais si le nationalisme québécois était celui qui viendrait racheter et actualiser positivement tous les autres? C’est le plus loin que je peux aller pour l’instant.

Mais je crois profondément que la souveraineté du Québec viendrait régler cette question, et plusieurs autres d’ailleurs, alors il est bien normal que cette journée m’apparaisse comme un pâle succédané, un jeu, une fiction. Quand tu as envie comme moi de fêter le courage et d’être fier de quelque chose de plus grand que toi, la Fête nationale du Québec t’apparait à peine plus importante que toutes les autres fêtes commerciales comme Noël, Pâques et l’Halloween. Surtout l’Halloween, parce que cela consiste à se déguiser en quelque chose que l’on n’est pas.


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